lundi 22 août 2011

Dialogue au sujet de l'autorité

Je vais m'amuser à dialoguer avec moi-même pour commenter une notion employée dans l'article " De la douleur ", publié sur ce blog en Février 2011.

- Tu parles de "figure d 'autorité"  en introduction. Peux-tu préciser ce que tu entends par-là ?
-  Si je me réfère à l'étymologie latine "auctoritas", de "actor" (acteur), alors l'autorité désigne le fait qu'un adulte, q'un éducateur rende l'enfant, l'élève,  acteur de son apprentissage, de sa vie. Cette autorité libère donc l'enfant de ses conditionnements (familiaux, sociaux, etc).
- Est-ce celle dont tu parles dans ton article ?
- Oui et non, ça dépend sous quel angle le-la  lecteur-lectrice envisage l'autorité. Comment l'autorité a-t-elle été  perçue par lui-elle dans sa propre vie d'enfant, d'élève ?
- Si j'ai bien compris, il y aurait plusieurs façons d'exercer son autorité, n'est-ce
pas ?
- Oui, c'est exact. Imaginons un continuum (une ligne droite) dont les deux extrêmités représentent, d'un côté, une autorité émancipatrice, et de l'autre, une autorité asservissante. Entre les deux, tu as plusieurs degrés possibles : c'est un peu comme lorsque tu déplaces le curseur de ta souris d'un bord à l'autre de l'écran de ton ordinateur.
- Donne-moi des précisions sur l'autorité asservissante, s'il-te-plait.
- Toute autorité est asservissante dans le sens où elle maintient dans l'esclavage. Cela se manifeste par un mode de relation dominant-dominé, vertical, hiérarchique. L'enseignant-e est enchainé-e, aussi, mais par ses craintes de perdre le pouvoir que sa fonction sociale lui donne. L'enseigant-e fait ici preuve d'autoritarisme et ne donne pas d'explications aux élèves sur ses choix (non-choix ?) pédagogiques. L'élève n'a pas à discuter, à questionner, ni le comment,  ni le pourquoi, d'un tel dispositif pédagogique.
Bref, ce mode de transmission pédagogique empêche l'élève de penser par lui-même. Il devient ainsi un mouton.
- C'est donc pour cela que tu relies autorité et pouvoir ?
- Oui. Et, dans le cas d'une autorité émancipatrice, l'élève consent, de lui-même, à se placer sous l'autorité de son-sa maître-maîtresse car il-elle sent qu'il-elle est considéré-e comme un être humain à part entière et qu'il-elle reçoit de l'aide dans la réalisation de ses pouvoirs créatifs. C'est ce type d'autorité qui a permis aux bâtisseurs de cathédrales de créer des merveilles pour l'humanité.
- Mais alors, quel type d'autorité est appliquée dans la Méthode Feldenkrais ?
- Le fondateur de cette méthode a appris très tôt à exercer son sens critique, à penser par lui-même car il a grandi dans une famille juive hassidique où l'exégèse (l'interprétation et le commentaire) du Talmud était courante.
Donc je te répondrai en te posant cette question : A la lumière de ton bon sens, la pédagogie feldenkraisienne favorise-t-elle l'émancipation de l'être humain, ou bien, sa servitude ?
- Merci d'avoir pris le temps de répondre à mes demandes.
- De rien, ce fut un plaisir.







samedi 28 mai 2011

A la mémoire de Francisco Varela

Il y a dix ans, jour pour jour, s'éteignait Francisco Varela, biologiste et neuroscientifique ; il a légué à l'humanité des outils permettant de faire des ponts, des circulations entre les sciences cognitives et l'expérience humaine.

Un de ses legs est l'ouvrage collectif  L'inscription corporelle de l'esprit . Je m'y était plongé quelques années plus tôt et je n'avais pas vraiment compris sa théorie de l'énaction. Et pour cause ! Je n'avais pas encore pratiqué la méthode Feldenkrais. Aujourd'hui, après une seconde lecture, son modèle théorique m'apparaît plus clairement.
Quel lien existe-t-il entre Varela et Feldenkrais ?
Tout d'abord, les deux chercheurs se rencontrent dans les années 1970 lorsque Francisco Varela est encore un inconnu.
Ensuite, Varela participe à la 1ère Conférence Feldenkrais Européenne à Heidelberg, en 1995. Il commençe son exposé en expliquant qu'il a accepté l'invitation car il voit des degrés significatifs de convergence et de résonnance entre son travail scientifique et le travail des praticiens de la méthode Feldenkrais.Selon lui, le point de contact est l'expérience humaine, comment les gens incarnent (incorporent) leurs esprits dans la vie quotidienne.
En effet, selon la perspective énactive, la perception et l'action sont intimement liées quand l'organisme vivant interagit avec son environnement. Autrement dit, ce que l'on perçoit influence ce que l'on fait et surtout la manière dont on le fait. Et réciproquement, ce que l'on fait déternine ce que l'on perçoit.

Ayant désormais incorporé ce modèle théorique, mon enseignement en collège et lycée s'articule aujourd'hui autour de la question  :
Comment aider mes élèves a prendre conscience de leurs mouvements pendant qu'ils font leurs gestes sportifs, artistiques ?

Merci donc Franciso Varela pour avoir semé des graines si fertiles !

lundi 16 mai 2011

Détour vers le Moyen-Occident

La méthode Feldenkrais étant plus connue à l'étranger, j'ai voyagé (virtuellement) en francophonie pour enfin aterrir au Québec. Et, j'y ai observé que nos cousins québécois ont appris à combiner l'héritage français (l'esprit cartésien, un certain idéalisme) et l'esprit du Nouveau Monde (pragmatique, aventurier).
Une des conséquences de cette combinaison est la reconnaissance institutionnelle de l'éducation somatique: DESS de l'UQAM
Une autre conséquence est l'existence d'éducateurs bivalents : somatique et physique. Une collègue québécoise témoigne de cette expérience : Andrée Dumouchel.pdf

Ce détour autre-atlantique nous ouvre des possibles, réalisables aussi en France, aujourd'hui.