dimanche 27 février 2011

De la douleur

Suite aux questions posées par certains-aines de mes élèves dans le cadre de leçons de Prise de Conscience de soi par le Mouvement ®, la nécessité d'inventer des outils pédagogiques m'est apparue.
Cependant, un outil n'est qu'un auxiliaire car l'essentiel reste l'état d'esprit dans lequel il est utilisé.
Est-ce que je l'utilise...
parce que c'est l'enseignante (figure d'autorité, donc de pouvoir ) qui l'a donné, ou bien, pour apprendre à me connaître plus finement,
ou encore, de façon mécanique : je suis une machine qui exécute des mouvements sans se poser de questions et sans rien sentir ?

Avant de vous dévoiler mes deux outils, je tiens à vous livrer un témoignage personnel qui fonde ma conception de la douleur. Seront aussi clarifiés les effets de la méthode Feldenkrais ® à ce propos.

Durant les 48 heures qui ont suivi mon opération du genou droit (ligamentoplastie et méniscectomie), j'ai accepté de prendre de la morphine. Pourquoi ? Afin de vivre ces heures de façon suffisamment confortable et avoir un sommeil récupérateur : en effet, la physiologie montre que les tissus se régénèrent d'abord avec le repos.
Puis, le troisième jour, j'ai stoppé la prise de morphine au profit de l'aspirine. Qu'est-ce qui m'a amené à prendre cette décision si rapidement ? Tout dabord,  j'ai écouté la partie blessée de mon corps : mon genou droit m'a dit d'accueillir une douleur suffisamment tolérable pour lui, ceci afin de lui éviter des mouvements trop brusques pendant la convalescence. Ensuite, j'ai écouté un ami pompier qui m'a alerté sur les risques de dépendance à la morphine.

En conclusion, je devrais plutôt dire "les douleurs" car elles peuvent être à la fois source de morbidité pour l'organisme ou au contraire source de vitalité. Et puis, chacun-e à un seuil de tolérabilité spécifique, en fonction de sa vulnérabilité du moment.
C'est ici toute la complexité du vivant qui émerge !
ç
a  dépend aussi du rapport, de la relation que j'entretiens avec elles,  du regard que je porte sur elles.

Désormais, poursuivons avec une clarification fondamentale !

N'attendez pas qu'une leçon collective de méthode Feldenkrais ® soulage comme par miracle vos douleurs !
En effet, ce genre de leçon invite à explorer l'usage de soi durant la séance (à travers des mouvements ) et surtout l'usage de soi dans la vie quotidienne.
Mais, il est possible aussi que des tensions musculaires douloureuses disparaissent en une ou plusieurs leçons. Et là, ça dépend du degré d'ouverture, de réceptivité de chaque individu pour accueillir l'inhabituel durant la séance. Autrement dit, si quelqu'un  se ferme durant le processus d'apprentissage, c'est qu'il a peur de " se projeter différent dans le futur " (in  Apprendre...oui, mais comment de Philippe Meirieu , éd. ESF 1988). Et,  la méthode Feldenkrais  ®  nous est d'un grand secours car elle nous donne des points d'ancrage. Points d'ancrage suffisamment stables pour y puiser confiance, persévérance durant ce processus de transformation en douceur.

Lecteur-lectrice, ta patience est enfin récompensée car voici dévoilés mes deux outils pédagogiques.

Cliquer dessus pour les agrandir.


En guise d'épilogue, quelques mots du poète John Keats :

« Rien ne devient jamais réel tant qu’on ne l’a pas ressenti. »




samedi 12 février 2011

Thierry Janssen : "Apprendre à se connaître à travers son corps"

Voici un article qui promeut l'éducation somatique dans un journal à grand tirage. (Ouf ! C'est pas trop tôt !)

LEMONDE.FR | 11.02.11 | 13h46  •  Mis à jour le 11.02.11 | 19h55

 Peut-on perdre son corps ? La question semble paradoxale. Pourtant, ils sont de plus en plus nombreux, comme Marion, Cécile et Thierry (Voir le webdocumentaire "Le corps retrouvé"), à éprouver le besoin de le sentir à nouveau. Aucun accident, nul traumatisme dans leur parcours. Seule l'impression d'avoir, au fil des années, oublié leur "enveloppe" charnelle au point d'y avoir piégé une part d'eux-mêmes.


Fruit d'un mode de vie ou héritage de deux mille ans d'histoire occidentale et chrétienne, le divorce entre corps et esprit a "atteint un point de caricature", comme le souligne le chirurgien et thérapeute Thierry Janssen. Se rendant maître et possesseur de sa propre nature, l'homme moderne a asservi son corps, soumis au double diktat de l'apparence et de la performance. Or ce corps "est le résultat d'une histoire émotionnelle, qui s'exprime à travers ses déformations et ses souffrances", explique-t-il.

Longtemps négligé, le corps revient aujourd'hui au cœur des préoccupations à travers l'essor de méthodes d'éducation psycho-corporelles (la technique Alexander, la méthode Feldenkrais…) ou le succès d'une pratique millénaire comme le yoga. Point commun entre ces trois approches : elles appréhendent l'individu dans sa totalité, abolissant la suprématie de l'intellect sur le sensible.

Auteur de plusieurs ouvrages sur la question du corps et de la maladie (La Solution intérieure, La maladie a-t-elle un sens ?), Thierry Janssen revient sur les rapports conflictuels qu'ont longtemps entretenus ces pratiques d'inspiration orientale avec la doxa scientifique occidentale, tente d'expliquer leur succès grandissant et évoque quelques-uns des principes mécaniques et neurologiques qu'elles mettent en œuvre.

Soren Seelow

http://www.lemonde.fr/week-end/article/2011/02/11/thierry-janssen-se-connaitre-a-travers-son-corps_1478345_1477893.html